Camino Francés

Sur le Camino Francés, venant de Poitiers

 

Salut à tous.

Vous nous avez menti !  

El Camino, ce n’est pas le super chemin …

Vous marchez tous les jours entre 19 et 44 km, vous soignez vos pauvres pieds meurtris ou avec des ampoules, vous massez vos muscles endoloris, vous mangez n’importe où et n’importe quoi, vous dormez où vous pouvez, les douches sont parfois glacées, parfois pas de chauffage et trempé.

Ce que je reconnais, c’est que « El Camino » est un chemin dans un monde parallèle en dehors du temps, sur lequel on rencontre des personnes entières, merveilleuses, humaines au possible.

 

El Camino, c’est un lieu où l’on parle la même langue, celle qui fait que l’on se comprend (que l’on soit de n’importe quel pays) ; je ne parle que le français et j’ai communiqué avec moult personnes (Espagnols, Italiens, Américains, Colombiennes, Coréens, Japonais, Russe, Ecossais, Anglais, Vénézuélien, Belges (Wallon et Flamand), Hollandais, Norvégiens, et j’en oublie.

 

J’ai perdu tous mes papiers, carte de crédit et argent, 90 km avant Ponferrada. Il ne me restait plus que mon crédential, 25 euros et un constat de police…

Eh bien là, j’ai vécu la fin comme un voyage extraordinaire. 

 

Un Hospitalero espagnol ( Vincent de l’Albergue San Miguel à Hospital de Orbigo ) a même fait 40 km en voiture, demandant là où je me suis arrêté, sans résultat.

 

Des Lorrains m'ont aidé pour le gîte et le repas ( et une soirée de Choupito pour le moral ). 

Des jeunes se sont groupés autour de moi pour arriver jusqu’au commissariat de la Policia. 

Grâce à mon épouse et à mes enfants j'ai eu les moyens d'aller jusqu'à Compostelle.

J'aurais dû interrompre là, mais une française, une colombienne, un américain et son père ont caché sous mon duvet une enveloppe pour que je puisse aller au bout de mon projet : Fisterra.

J’ai eu des appels de pèlerins nantais et parisiens comme soutien moral avec aussi des propositions d’aide financière et aussi une aide pour le retour à la maison par une italienne.

 

J’ai pu aller au bout de mon rêve, oubliant tous les petites blessures, les douleurs (lumbago, sciatique ), les chaussures pleines d’eau, le linge humide...

Avec 9 jeunes, j’ai pu arriver à Santiago à 6h45 du matin,  par une nuit étoilée sur un Saint Jacques de Compostelle illuminé comme dans un rêve. Je me suis allongé avec eux sur la place face à la Cathédrale; l’émotion a fait que nous nous sommes embrassés en franche amitié.

 

J’ai repris le chemin pour Fisterra seul, ému et décidé de le faire pour moi mais aussi pour tous ceux qui m’ont soutenu durant ce voyage au pays de l’humain dans ce qu’il a de plus beau. J’ai même poussé jusqu’à Muxia pour prolonger le voyage et terminer celui-ci par l’apothéose : dormir sur la plage après un magnifique coucher de soleil, avec la lune (pleine) comme lampe de chevet sous un plafond étoilé...

Mon retour à la vie citadine après 55 jours de marche sur les Chemins de Compostelle est un peu difficile, les pieds remuent dès 5 h 30 le matin, ils veulent sortir même après 1550 km. Ils vont devoir patienter, j'ai caché les chaussures pour pas leur donner envie de sauter dedans et planqué le sac à dos.

Si vous aussi vous en avez envie faite le, c'est super, super, super génial comme aventure humaine !

 

Merci aux compagnons qui m’ont aidé à la préparation, soutenu, supporté et permis de faire ce périple merveilleux. Merci aux personnes, espagnoles et autres, qui m’ont remis sur la voie. Merci à la nature pour sa générosité. Et surtout merci à Saint Jacques d’avoir ouvert la voie de communication pour l’humanité et ainsi permettre de retrouver l’humain sous le doux nom de : EL CAMINO.

 

Jacques Tournat,  le 30 juin 2013